En Angola, un centre de formation professionnelle, financé par une entreprise chinoise, offre des perspectives d'avenir aux jeunes défavorisés
par Li Xiaoyu
Le Centre de formation professionnelle BN-CITIC Angola est un tremplin pour la jeunesse du pays.
La chaleur de Luanda, capitale de l'Angola, est étouあante pendant la saison des pluies. L'atmosphère est lourde et l'air chargé. Pourtant, José Louren?o, 26 ans, a l'esprit léger. Il termine tout juste sa journée de travail et prend le temps de s'asseoir dans la cour du centre. Centre où il vit, étudie et travaille depuis 2014.
Issu d'une famille pauvre, José a six frères et s?urs. Il y a cinq ans, faute de pouvoir payer les frais de scolarité, le jeune homme a d? abandonner ses études au lycée, malgré d'excellents résultats. Sans dipl?me, sans qualification, José a d? se résoudre à vendre des boissons en bord de route pour gagner sa vie.
Mais lorsque le Centre de formation professionnelle BN-CITIC Angola a ouvert ses portes, et notamment à des élèves issus de familles défavorisées, José y a entrevu un nouvel espoir. Inauguré dans la cité de Kilamba en mai 2014, le centre oあre trois types de formation : génie électrique, mécanique et ma?onnerie.
Si la totalité des frais de scolarité est prise en charge, l'établissement a également établi des partenariats avec diあérentes entreprises permettant aux élèves d'obtenir des stages et la garantie d'un poste après l'obtention de leur dipl?me. Pour José, l'opportunité est trop belle, comme un signe du destin. Sans hésiter, le jeune homme postule et réussit l'examen d'entrée : il fait désormais partie de la première promotion en mécanique du centre BN-CITIC.
Début 2015, à la fin de ses études, il est recruté par le centre pour y dispenser des cours d'informatique. Son salaire s'élève à 350 dollars par mois. Un apport indispensable pour sa famille, car, en Angola, nombreux sont les jeunes qui, comme José, doivent renoncer aux études faute de moyens. La création de ce centre est donc une porte de sortie pour un certain nombre d'entre eux.
Depuis son implantation dans le pays en 2007, CITIC Construction, une entreprise chinoise, s'est investie dans les travaux publics. Au bout d'une douzaine d'années, la société a pu construire 51 000 logements sociaux. Mais les dirigeants ont constaté que la main-d'?uvre était trop souvent peu qualifiée et peinait à répondre à certaines exigences. En dépit de la formation dispensée par l'entreprise, le personnel qualifié fait encore défaut dans le pays.
En marge de ses projets de construction, CITIC Construction a donc tenu à assumer sa responsabilité sociale. ? Contrairement à de simples dons matériels, nous estimons que l'investissement dans l'éducation porte sur le long terme. Avec la formation professionnelle, les jeunes peuvent acquérir une expertise et gagner en compétitivité sur le marché du travail ?, développe Wang Guanxiong, le directeur du centre. ? Nous connaissons tous ce proverbe qui dit que lorsqu'un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. C'est ce que nous essayons de faire ici. ?
C'est l'esprit qui a porté l'élaboration du centre, en collaboration avec la Fondation pour le développement de la jeunesse de Chine et le Centre de formation professionnelle BN. Le 8 mai 2014, le Premier ministre chinois Li Keqiang avait d'ailleurs assisté à la cérémonie d'inauguration. ? Vous avez ancré le concept de projet Hope en proposant gratuitement des formations techniques aux jeunes issus de milieux défavorisés. Ce projet est porteur de grandes promesses concernant le renforcement des échanges culturels entre la Chine et l'Afrique ?, avait alors aきrmé M. Li.
Ouvert à Beijing en 2005, le Centre de formation professionnelle BN est le premier établissement du genre à être entièrement gratuit en Chine. Présent dans dix villes chinoises jusqu'ici, il a pour objectif de mettre à disposition des jeunes défavorisés des ressources éducatives de qualité. Aujourd'hui, ce modèle s'est implanté en Angola.
Les formations s'adressent à des jeunes agés de 16 à 25 ans, issus de familles démunies. ? Nous cherchons à équiper nos élèves avec une expertise solide et à les amener à s'engager dans des activités d'intérêt public avec un esprit de collaboration ?, aきrme M. Wang.
José Louren?o (à gauche) étudiant la calligraphie traditionnelle chinoise.
L'école propose cinq filières professionnelles : mécanique, ingénierie de construction, génie électrique, informatique et service h?telier. Sont aussi dispensés des cours portant sur l'étiquette professionnelle, le portugais, le chinois et l'anglais. Les élèves sont exonérés de toute charge, y compris les frais de logement, de nourriture et de formation. Ainsi, des opportunités d'emploi s'oあrent à eux une fois dipl?més.
Mais l'objectif en Angola est aussi d'intégrer activement des équipes angolaises dans le programme pour lui insuラer plus de vivacité. Aujourd'hui, les dix enseignants du centre sont tous Angolais. ? Cela facilite la compréhension et la communication entre professeurs et élèves. Il s'agit pour nous de respecter les us et coutumes du pays et de nous intégrer pleinement dans la culture locale ?, assure M. Wang. Par ailleurs, tous les dipl?mes du centre sont délivrés par le Centre d'enseignement et de formation professionnels relevant du ministère angolais de l'Administration publique, du Travail et de la Sécurité sociale.
En cinq ans, quelque 400 élèves ont obtenu leur dipl?me. Tous ont été recrutés par des entreprises partenaires et travaillent aujourd'hui dans des domaines allant de la mécanique, à l'ingénierie de construction, en passant par la gestion administrative.
à court et à moyen terme, le centre souhaite passer d'un enseignement impliquant des équipes locales à une gestion de l'école par des équipes locales. ? Bien s?r, nous voulons que les éducateurs angolais gèrent de manière autonome notre école, de sorte qu'elle puisse s'ancrer profondément dans le tissu social local ?, développe M. Wang. En outre, les responsables du centre envisagent le centre comme une plateforme de communication entre deux cultures. ? Nous nous eあor?ons d'obtenir plus de soutiens financiers et politiques, ainsi que des ressources éducatives, notamment de la part des entreprises locales. Cela nous permettra de renforcer nos capacités d'accueil, et d'améliorer la qualité de notre enseignement ?, ajoute-t-il.
José, quant à lui, est persuadé que ses eあorts seront récompensés. Pendant son temps libre, le jeune homme étudie l'ingénierie informatique aux cours du soir. Il espère également poursuivre ses études en Chine. Et dans un élan d'humour et de détermination, le jeune homme conclut : ? Oui, pour l'avenir de mon pays, pour mon avenir, je suis prêt à apprendre le chinois ! ? CA