par Wendyl Martin
?Quoi ? Tu n’es pas encore allé dans un bar karaoké ? ?, Ai-je demandé, surpris, à un ami sud-africain qui travaille en Chine.
Chez moi au Cap, en Afrique du Sud, je suis un habitué du karaoké ; c’est une passion, un passe-temps et parfois un moyen de se défouler.
Durant mon séjour d’un an en Chine, je n’ai pas changé mes habitudes. Mais les Chinois n’ont pas tout à fait la même expérience du karaoké. En effet, là-bas, le karaoké, ou plut?t KTV dans la langue de Confucius, se fait dans l’intimité : enfermé dans une pièce avec ses amis.
Les Chinois n’ont pas tout à fait la même expérience du karaoké. En effet, là-bas, le karaoké, ou plut?t KTV dans la langue de Confucius, se fait dans l’intimité : enfermé dans une pièce avec ses amis.
C’était un choc. Pourquoi voudriez-vous payer pour aller dans une pièce et chanter uniquement pour votre groupe ?
Les Chinois raffolent du chant amateur. à de nombreux endroits, quand bien même insolites tels que les bureaux ou les aéroports, vous trouverez des installations semblables à des cabines téléphoniques équipées de microphones et d’écrans tactiles.
Avec un ami journaliste, également passionné de karaoké, nous avons décidé de nous organiser une session. Un facteur important pour notre expédition : je souhaitais qu’ils y servent également de la nourriture. J’ai suggéré un endroit dont j’avais entendu parler à Chongwenmen (dans l’arrondissement de Dongcheng de Beijing) et nous nous y sommes réunis.
C’était un grand multiplex de salles de karaoké et nous avons été conduits au troisième étage. Alors que nous nous rendions à notre salle, nous pouvions entendre de nombreuses chansons chinoises et sentir les assainisseurs d’airs : tout le monde organisait sa propre petite fête privée.
L’expérience fut ? hi-tech ? et luxueuse. Les écrans tactiles sur les murs nous permettaient non seulement de choisir nos chansons, mais également d’appeler du personnel de service.
La scène était pour moi ce qu’il y avait de plus fascinant, avec son microphone à l’ancienne. Nous nous serions crus sur une scène professionnelle pour un concert intimiste. Nous avons chanté nos chansons préférées ce soir-là : des chansons de groupe ou en solo. Nous nous sommes lachés, sachant qu’il n’y avait personne autour de nous pour nous juger. Le catalogue, facile à utiliser, est bien loin des fichiers flip dont j’ai l’habitude au Cap, mais j’ai réussi à trouver quelques chansons de Mariah Carey.
Un peu plus tard, j’ai organisé une autre sortie karaoké à Guomao (un centre d’affaires de Beijing), qui est maintenant mon lieu de prédilection.
Nous avons négocié un prix et on nous a donné une salle pour trois heures, nourritures et boissons compris. Cela ressemblait à une scène sortie d’un complexe de Las Vegas : des clients étaient bien vêtus et il y avait un personnel d’accueil équipé de talkie-walkie dans tous les couloirs prêt à répondre à tous les besoins. Un petit robot fuwuyuan nous a salués en chinois dans le couloir.
Quelques semaines plus tard, il était 1h du matin, lorsqu’une amie chinoise m’a appelé pour me proposer de la rejoindre, elle et ses amis. Où se rendaient-ils ? Le même KTV à Guomao qui était encore ouvert.
Ce fut l’occasion de faire l’expérience du KTV avec la population locale. Nous avons partagé des boissons et déguster des mets différents disposés sur des plateaux. Nous sommes partis après 5h du matin, le soleil était déjà levé.
Oui, en tant qu’étranger, chanter devant du monde me manque. Mais le KTV est également un régal : une nuit où vous pouvez chanter ce que vous voulez, aussi longtemps que vous pouvez vous le permettre.
Pour reprendre une phrase de Shakespeare: ? Si la musique est l’aliment de l’amour, jouez encore, donnez-m’en jusqu’à l’excès, en sorte que ma faim gavée languisse et meure ?. CA